On définit communément la Pentecôte comme la fête chrétienne qui célèbre l’effusion de l’Esprit le cinquantième jour (en grec, pentêkostê signifie « cinquantième ») après Pâques. De fait, les Actes des Apôtres racontent que, lors de la fête juive commémorant le don de la loi à Moïse, les disciples rassemblés entendent un bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent », voient des « langues qu’on aurait dites de feu », et sont remplis d’Esprit Saint. Ainsi, se réalise la promesse faite par le Christ au moment de son Ascension : « vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Au demeurant, dès les temps apostoliques et jusqu’au IVème siècle, on commémorait l’Ascension sur le mont des Oliviers l’après-midi du jour de la Pentecôte, unissant dans une même célébration la montée au ciel de Jésus et l’effusion de l’Esprit Saint.
En réalité, le mystère que nous célébrons en ce jour est beaucoup plus grand. L’Évangile de Jean nous enseigne que Dieu se manifeste comme Père, Fils et Esprit Saint : un Dieu en trois personne, une circulation d’amour, de don et d’ouverture à l’autre. Le Père vient à l’intime de l’homme ; l’Esprit lui est donné et sa présence est agissante et dynamique ; le Fils vient habiter la personne du disciple. Voilà le don incommensurable de Dieu : le Père envoie, au nom du Fils, l’Esprit. Ainsi, ce dont il est question fondamentalement, ce qui est en jeu pour chacun d’entre nous, c’est de vivre de cette relation entre le Dieu-Trinité et l’être humain, de participer à ce foyer de l’amour ardent du Père et du Fils dans l’Esprit.
L’Esprit qui nous est donné, l’évangile l’appelle le Paraclet ou le défenseur, c’est-à-dire celui qui a pour fonction d’assister et de soutenir. L’Esprit est pour les croyants le révélateur et le défenseur de Jésus. Mais il est aussi celui qui féconde la mémoire des croyants, même s’ils n’en ont pas conscience. Dans les situations nouvelles, que les disciples ne pouvaient prévoir, l’Esprit fera comprendre mieux encore le message de Jésus. L’Esprit est ainsi l’interprète de Jésus et le consolateur, l’enseignant et le guide des disciples. Ces derniers ne sont donc pas livrés à leur propre force : au milieu des épreuves, défendus par l’Esprit, ils vivent dans la paix. Voilà encore par quoi Jésus reste présent aux siens : par le don de la paix.
Vivre en disciple du Christ, c’est alors consentir à un long travail de purification, au travail de l’Esprit en soi. Oui, il s’agit de laisser l’Esprit faire son œuvre, de le laisser agir, pour parvenir à céder à la grâce qui attire et qui sauve. L’Esprit Saint est celui qui lutte en nous et qui renouvelle toujours notre personne afin qu’elle puisse être, malgré nos contradictions, la demeure de Dieu.
Sr Sophie Ramond